Encore un pas




J'approche du cœur, du noyau
C'est le moment où il va falloir redoubler de courage
Je n'ai plus aussi peur, je crois
Je me sens prête à me délester, à déposer ce poids, à essayer d'en faire autre chose
Je suis prête à dire au revoir

Je ne veux plus que cela me serve d'écran
Je ne veux plus que cela soit mon centre, ma base, que le reste de ma vie se construise à partir de ça
Cette peur viscérale
Cette sensation de ne rien mériter de bon, d'être en trop, d'en faire trop
De devoir me cacher sous peine de déranger

Je ne veux plus répondre à la douceur, à l'amour, par les excuses répétées, entassées (hurlées, si j'osais) elles qui disent avant tout : 
"Détourne-toi, tant qu'il est encore temps, cours ! Si tu savais ce dont je suis de capable. Pars, vite. Tu crois que je ne te fais pas mal, mais ça viendra. Ne suis-je pas la mieux placée pour le savoir, après tout ?"

Je sais que c'est là qu'il me fallait revenir, que le reste n'était que déviation afin de prendre le temps d'être mieux préparée.


Je ne comprends rien des origines 
Je ne suis même pas sûre que tout cela m'appartienne en propre 
Est-ce un legs ? Le fardeau de quelqu'un d'autre dont j'ai décidé de me charger, comme une mission qui ferait de moi quelqu'un de bien, au final ?
Est-ce d'avoir vu, d'avoir senti, d'avoir compris une tristesse insondable, une douleur lancinante et d'avoir voulu en libérer un•e autre ?

Ou peut-être bien que si, peut-être que cela a été à moi, à moi seule. 
Que c'est moi que j'ai voulu protéger (si personne ne s'approche, je n'aurais jamais mal, jamais, tu m'entends).
Aujourd'hui, je suis prête à ressentir, enfin

Aujourd'hui ce que, peut-être, j'ai mis en place pour me protéger, il y a des années, est en train de me dévorer.
Aujourd'hui, cela m'empêche d'avancer, cela m'empêche d'être celle que je suis pourtant déjà, en morceaux encore éparpillés
Aujourd'hui, je suis prête à accepter que les choses changent, enfin.

Les larmes qui coulent depuis des semaines sont mes préparatifs. On ne peut pas se dire au revoir si facilement. 
Pleurer sur le mal que, sans le savoir, on s'est fait. Pleurer sur cette drôle de relation toxique 
C'était toi contre toi, comment pouvais-tu imaginer que tu en sortirais vainqueur, que tu en sortirais... vivante ?
C'est pourtant bien ce qui est sur le point de se passer

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