Je suis un paysage dévasté
Je suis un tas de certitudes écroulées, renversées, chavirées
Je suis un puzzle éparpillé dont je découvre chaque jour ou presque, ahurie, une nouvelle pièce
J'ignore si cette nouvelle pièce a toujours été là, planquée sagement sous le tapis, attendant son heure, ou si elle vient tout juste d'éclore, profitant de ces interstices que je m'autorise enfin
Chacune des photos que je prends, le plus souvent au petit matin ou à la nuit tout juste tombée, chaque trait esquissé, chaque mot posé - ici, sur un des mes innombrables carnets, sur une feuille volante, dans mon téléphone - est une nouvelle pièce de ce puzzle sans queue ni tête
Je ne suis pas bien certaine que je vais réussir à les ordonner, je ne sais plus vraiment si cela a de l'importance
Je regarde le désordre que je suis devenue et qui, alternativement, me comble infiniment et me fait pleurer de terreur

Je ne me reconnais plus vraiment, parfois plus du tout... et puis je songe à ce que je pensais de moi, il n'y a encore pas si longtemps et je me dis que si c'est tout ce désamour aggloméré qui commence à s'effriter, il se pourrait bien que je n'ai rien à y perdre, ou presque - autant le dire tout de go, ce petit bout d'identité là, autrefois si prégnant, ne m'intéresse presque plus du tout.

Je recherche avidement la compagnie de celles (et parfois ceux, plus rarement) qui ont emprunté ce chemin, qui y sont parfois encore, mais qui ont parcouru tellement plus de kilomètres que moi
Je suis à la recherche de ces mains tendues, de ces regards remplis de compréhension, de bienveillance, d'amour peut-être
À la recherche de ces silences consolatoires, de ces sourires entendus, pleins, dont je sais qu'ils charrient tout le bon, sans chercher à enfouir le mauvais
Je recherche, sans en avoir pris conscience immédiatement, la compagnie des femmes, avant tout
Je prends conscience de ce fardeau commun que nous portons en héritage
Je cherche à entendre leurs récits (même si, parfois, à mon grand désespoir, je parle encore un peu trop)
Je cherche à grandir à leurs côtés

Parfois, je suis encore celle qui se cache, sous des verres d'alcool trop vite avalés, jamais appréciés
On ne se débarrasse pas si facilement de ses vieux réflexes de protection (ne me regarde pas, j'ai tellement honte, je vais boire comme d'autres se maquillent et ainsi mes yeux ne renverront plus ce que je veux taire, à tout prix)
Je suis encore incapable de compassion pour celle-là, je ne suis que colère, malaise

Je pourrais peut-être simplement commencer à lui souffler, tout doucement : tu sais, tu n'as plus à avoir peur. Le chemin va encore être long, âpre mais crois-moi la honte n'y a plus sa place, elle ne te servira à rien. Elle t'a amenée là où tu es aujourd'hui, de ça tu peux sans doute la remercier, et puis la laisser filer, sans vous donner rendez-vous


Commentaires

  1. 2 Intuitions:
    https://www.youtube.com/watch?v=5J3FGxHr9iE (fan)
    puis
    https://www.youtube.com/watch?v=5hPCzFUmeas (re-fan)

    Ha, et puis ensuite,
    https://www.youtube.com/watch?v=zsCD5XCu6CM (rere-fan)

    Mais globalement, plein de choses à dire... ou plein de silences à échanger.

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    Réponses
    1. Merci...
      Pour le partage, pour le passage, pour le message.
      Et pour ta présence fidèle par ici :)
      A bientôt j'espère !

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