Lectures buissonnières #1


L'inauguration d'une nouvelle catégorie (comme ce terme semble sage, pérenne, constructif... celui de "lubie" serait peut-être ici  plus approprié !).
J'ai commencé l'année en me disant que je voulais enfin prendre le temps de faire des listes des livres que je lisais, pour une palanquée de bonnes ou de mauvaises raisons dont je vous épargnerai ici le détail. 

Et puis tiens, à la faveur d'un énième ravalement de façade de ce blog, j'ai songé : "tant qu'à faire des listes partageons-les" ! 
L’honnêteté avant tout : je suis une piètre critique littéraire, j'espère donc trouver un juste milieu entre liste à puces et chroniques bancales.
La facilité, pour cette reprise d'écriture cybernétique, va à la publication d'un billet retraçant mon dernier mois de lecture (j'ai pris en mars 2017 la résolution d'arrêter de chercher l'originalité / l'esprit / la profondeur, et d'écrire, de publier malgré tout). 

Je vous mets des liens qui vous renverront tous (je l'espère) vers la plateforme "leslibraires.fr" (quand les livres n'y sont pas dispo, on trouvera bien une pirouette en forme de lien vers le site de l'éditeur ou autre). 
Bref, peut-être bien que cette catégorie ne prendra pas d'autre forme que ce premier billet, peut-être que je n'arriverai pas à faire autre chose qu'une rébarbative liste à puces, mais si vous ne connaissiez pas cette plateforme pour commander chez votre libraire indépendant préféré, ce sera toujours ça de gagné ! 

L’œil le plus bleu, Toni Morrison
Un roman assez court, âpre. Un récit à hauteur d'enfant, abordant des thèmes difficiles (racisme, inceste).
Une lecture marquante.

Le canapé rouge, Michèle Lesbre
Un court récit, voyage express en Russie qui nous laisse malgré tout le temps de nous imprégner d'une atmosphère si particulière.
L'histoire aussi d'une amitié parisienne, une amitié de voisinage, de palier presque.
C'est bref, touchant, cela raconte de belles histoires de relations humaines, ce qui pour moi est déjà beaucoup !

Océan mer, Alessandro Baricco
J'étais somme toute un peu fâchée avec Baricco, dont on m'avait conseillé de lire City, lecture dont on dira - euphémisme - qu'elle fut un échec cuisant (abandonné au bout de 10 ou 20 pages, je n'ai aucun scrupule à lâcher bien vite les livres pour lesquels je sens que le courant ne passe(ra) pas). Un livre que j'ai perçu comme trop complexe, décousu, somme toute incompréhensible pour moi (je suis une lectrice du soir, j'ai souvent besoin que cela soit aisé !).
Et puis Océan mer est venu à ma rencontre suite à ma nouvelle "politique" de lecture (qui se résume aisément : commence, autant que faire se peut, par lire ce qui se trouve dans ta bibliothèque avant d'aller acheter de nouveaux livres).
Et bien, figurez-vous que j'en ressors nettement mais alors nettement moins fâchée !
Une lecture gourmande, une histoire prenante, un certain don pour le rebondissement, l'inattendu et l'attachant (avec une pointe de fantaisie pour décorer tout cela).
J'ai été complètement embarquée par ce récit.

La honte, Annie Ernaux
Annie Ernaux incarne un comportement de lecture dont j'étais assez peu coutumière jusque là : je découvre, j'aime et je lis compulsivement tous les ouvrages du même auteur qui me passent sous la main.
J'ai donc découvert l'écriture d'Annie Ernaux à la faveur d'un cadeau d'anniversaire, lisant avec enthousiasme et gourmandise son dernier livre, Mémoire de fille.
Depuis, je passe scrupuleusement en revue les rayonnages de la bibliothèque de la maison (qui s'avèrent être formidablement pourvus concernant ses ouvrages !) et savoure ponctuellement cette écriture qui m'a tant touchée.
Il y a dans cette écriture-là, au-delà de l'histoire racontée livre après livre, quelque chose qui me séduit profondément. Une impression de juste simplicité, qui dit les choses sans détour, sans fard, mais avec une maîtrise profonde du rythme, de la musique de la langue, qui permet de laisser passer si simplement les émotions.

Se perdre, Annie Ernaux
Revoilà, quelques livres après le Canapé Rouge, la Russie (ou plus précisément l'URSS) au premier plan.
On change un peu ici des sujets "classiques" d'Annie Ernaux pour découvrir une année du journal intime d'une amoureuse.
Sans doute pas ma lecture préférée, je ne retrouve pas vraiment le plaisir pris dans ses autres ouvrages. Malgré cela et quelques longueurs que l'on a parfois du mal à dépasser, reste cette écriture qui sait fort bien décrire les tourments de l'âme éprise, la relation de ces corps qui ne se rencontrent que ponctuellement...

Le cas Malaussène, Daniel Pennac
Alors, alors, alors...
Déjà Malaussène et moi (oui, oui, oui, à ce stade de la relation, on peut d'ores et déjà dire qu'on en est là)... J'ai commencé tardivement, mais si tardivement ! À la faveur d'un rejet massif de lectures tristes / sauvages / dures / éreintantes.... dans le courant de l'année 2016, et n'ayant que des livres de cet accabit dans ma pile, j'ai retrouvé Malaussène, qui m'attendait sagement sur les rayonnages de la bibliothèque.
J'ai pris, lu, aimé, dévoré les tomes de cette saga en quelques mois, me réjouissant de cette langue gouailleuse, de ce parler rocambolesque, de ce talent inné de raconteur d'histoires aux intrigues si prenantes.
Et puis voilà qu'en janvier on nous annonce le retour tonitruant de Benjamin Malaussène, presque vingt ans après la parution du dernier tome. Le temps pour moi de finir les précédents et me voilà enfin prête à rattraper mon retard, à reprendre le train en marche...
Soyons brefs : c'est un peu plat, la langue n'y est plus vraiment, l'intrigue est pour moi un peu mollassonne... Bon, peut-être que si j'avais refermé le précédent 18 ans plus tôt (au lieu de quelques semaines), mon sentiment aurait été un peu différent.
Soyons honnêtes aussi : j'irai quand même lire le second tome afin de connaître le dénouement, c'est donc que cela ne va pas si mal !

Tigre en papier, Olivier Rolin
Ce livre, retrouvé lui aussi aux hasards des empilements successifs, ne restera sans doute pas le préféré de ce mois de mars.
Si la lecture est intéressante (retour sur le parcours de militants communistes dans la France des années 70) et souvent touchante, j'ai eu quelques difficultés à me laisser entraîner, le style empêchant ici les lectures fluides que j'apprécie tant.
En fait, le procédé de la narration - récit fait, lors d'un trajet nocturne dans Paris, à la fille d'un des membres de la bande d'alors - m'a parfois semblé un peu rébarbatif. J'ai été beaucoup plus séduite par les moments où l'on rentre en détail dans les récits de vie, les moments d'histoire.
Reste un portrait intéressant d'une époque que je connais assez mal.


Ceci est mon sang, Elise Thiébaut
Un sujet jusque là assez peu traité (même si, soyons francs, il semble avoir le vent en poupe en ce premier semestre 2017), somme toute assez peu glamour : les règles.
Un ton drôle et enlevé, pas mal de choses à apprendre ou à redécouvrir, une lecture assez enrichissante.
Un livre à mettre entre toutes les mains !
(sur le même sujet, donc, signalons : le livre à paraître très prochainement de Jack Parker, Le grand mystère des règles ; Sang tabou, de Camille Emmanuelle)

Commentaires

  1. Je n'aurais pas fait meilleure chronique de Tigre en papier (lu laborieusement il y a quelques mois), qui, malgré quelques beaux passages, m'a laissée sur la touche, par son présent inconsistant mais trop présent, et son passé dont il faudrait sans doute être davantage connaisseuse. Reste la chronique douce-amère du devenir d'une bande d'amis, sujet universel et touchant.

    Tes chroniques me donnent envie de découvrir Annie Ernaux (je te laisse me suggérer un premier titre...), et de revoir Benjamin Malaussène plus de 10 ans après notre dernière et savoureuse rencontre.

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    1. Merci beaucoup !

      Pour Annie Ernaux, je réfléchis et pourrai t'en ramener un dès notre prochaine rencontre.

      (Il y a dans "Mémoire de fille", cet phrase qui parle du travail - enfin plus précisément d'un métier en particulier - et qui m'a fait un peu tomber en amour je crois : "Exposer en somme, cette question qui figure rarement dans la littérature : comment, au début de la vie, tous, nous nous débrouillons de ça, l'obligation de faire quelque chose pour vivre, le moment du choix et, pour finir, la sensation d'être, ou de ne pas être, là où l'on doit être" )

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