Mise au point

Voilà, cette fois ça y est.
J'ai fermé les portes ici, il n'y a plus que toi et moi.
Je rouvrirai peut-être un jour, mais en attendant il y a trop à dire je crois.
Et la lumière m'effraie un peu.

J'ai tout essayé tu sais, la gymnastique quotidienne, le crayon plutôt que le papier...
La réflexion intense ou la spontanéité imbécile.
Tout ou à peu près.
Et pourtant, tu le vois ici, ça n'a rien donné.

J'ai changé de nom, comme si l'identité y était pour quelque chose.
Et puis renoncé à ressortir une nouvelle fois les pots de peinture, consciente peut-être enfin que ça ne changerait rien.

La vérité c'est que je voudrais imposer un rythme.
Moi qui, déjà en musique, ait toutes les peines du monde à suivre celui qu'on me dicte...
Imposer un rythme pour l'écriture! M'imposer, m'infliger un rythme...

C'est vrai, on pourrait dire de la façon la plus nonchalante qui soit que c'est juste un rendez-vous entre toi et moi, sans obligation
Viens quand tu veux, y'aura toujours une tasse de thé et une feuille blanche à disposition

Bof

Tu le sais toi, que je voudrais faire mieux.
Retrouver le besoin impératif, l'impossibilité de faire autrement.
Tu le sais, qu'avant mes godasses pesaient quand même un peu moins lourd, quand je ne réfléchissais pas à tout ça et que je t'écrivais bien plus souvent.

Mais on va pas se mentir, tu as beaucoup changé aussi.
J'étais habituée aux cahiers entamés, aux feuilles volantes cachées au milieu des pages d'un bouquin, aux carnets cadenassés qu'on aurait pu faire sauter avec le moindre trombone.
J'étais habituée aux ratures, aux gribouillages d'échauffement, ceux qui prenaient parfois la place des mots quand rien ne voulait sortir. Rien de beau, non, mais au moins une trace qui persistait de ce moment.

Depuis, le résultat c'est page blanche ou texte dont on s'accommode (à défaut de s'en satisfaire), entre les deux, plus de place pour l'à peu près, l'hésitation, le oui mais non qui s'incarnait autrefois devant mes yeux.
Alors tu comprends, je m'y perds, j'efface et n'aime pas tellement l'impression de devoir faire place nette à chaque fois je que pars, faire comme si je n'étais pas venu les fois où je n'y arrive pas.

C'est long, tu m'excuseras, et puis, on n'avait pas pris rendez-vous.

Tiens, je t'ai ramené une photo de vacances, j'espère qu'elle te plaira...

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